18. Even helemaal weg…
Après six mois de journées chargées (en émotions), je suis allée en Croatie pendant une semaine avec mon mari.
Juste avant notre départ, nous avons été invité à une garden-party chez des amis. Et y allant je pensais pouvoir m’y déconnecter et y avoir l'esprit libéré du problème de l’adoption. Cela m’est impossible il est réapparu lorsque j'ai rencontré un père adoptif avec sa fille chinoise. Et oui, je suis dans une phase où ce thème récurrent ne me quitte pas; je me lève et je me couche avec.. Une amie l'a formulé ainsi : "An Sheela, tu respires l'adoption."
Les dernières semaines de l'année scolaire ont été intenses. J'ai aussi participé à des réunions au niveau flamand pour arriver à donner une orientation positive à l'adoption en Flandre. Les réunions et les discussions ont été nombreuses et ont nécessité une certaine préparation. Les personnes qui lisent mon blog, et qui veulent donner leur avis pour améliorer les relations entre les parents biologiques, les adoptés et les parents adoptifs peuvent toujours m'envoyer un message.
En outre, je voudrais m'attarder sur le regard que je porte sur mon adoption après 6 mois. Depuis mon dernier voyage en Inde, j'ai souvent senti mon cœur battre la chamade ou ma sueur perler sur mon front, à des moments déclenchés, par exemple, par la vision d'un film indien. Mais la volonté et la force de trouver quelque chose de positif dans un film sur le trafic de prostituées en Inde m'ont fait réaliser que j'avais "franchi" plusieurs étapes dans ma quête de moi-même. Alors qu'auparavant, j'aurais pleuré toutes les larmes de mon corps, sans savoir d'où cela venait, je peux maintenant mettre le doigt sur les raisons profondes de cette réaction physique. Mon lien avec ma patrie est ancré dans mes gènes. Un certain Père Delooz (fondateur de l'agence d'adoption De Vreugdezaaiers) avait l’habitude de dire aux futurs parents adoptés: "Les enfants sont comme ils sont". Je crois que chaque être vivant réagit de manière différente. Les gènes et l'impact environnemental nous influencent. Même si, à mon avis, l'influence des gènes prévaut.
Mon cœur battait plus vite chaque fois que j'entrais dans un restaurant indien avec des amis ou des connaissances. J'abordais chaque nouvelle rencontre avec curiosité. Et ma tristesse a commencé à s'estomper. Je me suis sentie très mal, surtout après le décès de ma meilleure amie Anne-Michèle. Une thérapeute, également adoptée, à qui j’ai pu parler de cette souffrance m’ a beaucoup aidée à retrouver mon équilibre psychologique. Ce n'est qu'avec cette thérapeute que je me suis sentie en sécurité et que j'ai pu m’ouvrir, car je savais qu'elle, plus que quiconque, comprenait ce que signifie être adoptée. Des séances de massage, des promenades m’ont également beaucoup aidée.
En juin, je me suis rendue au Parlement fédéral accompagnée par des adoptés de différents pays où les députés ont reconnu à l’unanimité l’illégalité de certaines adoptions, ce qui m'a touché au plus profond de moi-même. Les heures et même les jours que j'ai consacrés à la préparation de cette importante résolution ont été récompensés en ce grand jour. Le fait qu'Etienne (mon père cigogne) et sa femme Viviane soient aussi présents m'a donné un peu de paix. Mais ma meilleure amie Anne-Michèle m'a énormément manqué. Pourtant, je reste reconnaissante pour ce qu'elle m'a apporté et m'apporte encore, même maintenant si elle est partie. Des larmes ont coulé sur mes joues lorsque les résultats du vote sont apparus sur le tableau.. Un mélange de tristesse, de reconnaissance et de joie m'a envahie. J’ai mis des jours à me remettre de mes émotions. Je n'étais pas seule. Plusieurs personnes se sont occupées de moi.
Dans les semaines qui ont suivi, j'ai terminé mon année scolaire et j'ai attendu avec impatience mes vacances. Je comptais les jours avant mon voyage en Croatie. Pour la première fois en trois ans, je partais en vacances seule avec mon mari. Dans l'avion, j'ai regardé par le hublot et je me suis dit : "Bonjour, Anne-Michèle, maintenant je suis plus près de toi, plus près du ciel” J'ai dû repenser au livre que Saartje m'avait recommandé: « Le conte de la mort »Ce livre m'a apporté la paix quelque part. Parce que la mort n'est pas une fin, c'est le début de quelque chose de nouveau. En ce moment, c'est la seule pensée qui puisse m'apporter un peu de réconfort.
En Croatie, je prends du temps pour mon mari, mais aussi du temps pour découvrir les environs:
La côte est à couper le souffle, avec des baies cachées entre les rochers. C’est idyllique. Nous marchons par 32 degrés C°, une épreuve pour le corps qui n'est pas habitué à fonctionner à ces températures. Porec est magnifique et nous nous détendons sur une terrasse avec vue sur la Mer Adriatique. Qu'est-ce qui me manque? Qu'est-ce qui me remplit de joie? Comment trouver cet équilibre entre les hauts et les bas? Un moment pour moi... Un moment loin de tout...
Nous nous amusons, nous ne sommes pas obligés de faire quoi que ce soit, nous n'avons pas de programme planifié mais nous ne sommes pas non plus le genre de personnes qui passent 5 jours allongés au soleil au bord d'une piscine. Le 7 juillet, cependant, nous avons planifié un voyage vers l'intérieur. Des touristes de différents hôtels y participent. Nous avons parlé français ou anglais et sommes entrés en contact avec des gens sympathiques. Deux dames attirent l'attention. Elles sont originaires du Royaume-Uni et sautent en l'air lorsqu'elles entendent que Boris Johnson vient de démissionner. C'est à ce moment-là que nous avons commencé à parler et il est apparu qu'une des femmes était une mère adoptive. Je suis perplexe. Chaque rencontre a sa raison d'être, et celle-ci, je ne l'ai pas vue venir. Peut-être que je n'étais pas tout à fait partie après tout...