24. To push or not to push

5e jour: mercredi 26 octobre 2022

Ce matin, nous nous sommes levés à l'aube. Au cours de ces derniers jours, nous avons fait beaucoup de choses, mais nous avons très peu bougé. Taxi Sunil était toujours prêt. À 4 heures du matin, nous étions assis en bas, attendant notre bon ami et camarade de Phineas, Falak. Nous partons une heure plus tard que prévu, cela devient une habitude. Pourtant, à cette heure matinale, nous trouvons cela plus dérangeant.

Nous traversons le quartier en passant devant des cabanes délabrées. Nous devons également faire attention où nous posons nos pieds, en nous déplaçant parmi les déchets, les chiens et les vaches. Pourtant, l'odeur n'est pas trop mauvaise. Soit nos nez ne sont pas si sensibles dans ce pays. Avec moi, cela jouera certainement un rôle. Les temples s'ouvrent progressivement et la musique retentit dans les haut-parleurs. Dans cette ambiance, nous nous rendons à pied à l'éco-parc. En chemin, nous restons le plus possible sur le côté de la rue, car les trottoirs, eh bien, il y en a rarement, et s'il y en a, il y a des cabanes, des étals ou des voitures qui prennent toute la place. Ce qui me frappe cette fois, c'est que mon anxiété d'avant a sérieusement diminué. Je peux mieux me faufiler entre les véhicules (seulement pour traverser, il est vrai). Dans l'éco-parc, nous pouvons nous détendre un moment. Nous jouons une partie de badminton jusqu'à ce que les gardes nous chassent de la pelouse parce que nous devons jouer sans chaussures.

Nous revenons sur nos pas et atteignons les 5 km, une distance que j'ai rarement parcourue à pied en Inde. Nous sommes fiers de cette réalisation, d'autant plus qu'en termes d'infrastructures sportives, Patna est dans un triste état. Quiconque veut se déplacer doit sauter sur un vélo, mais c’est le meilleur moyen d’avoir un accident dans cette ville surpeuplée. Du coup, la plupart des personnes qui veulent faire du sport le font le matin à l'aube. On peut apercevoir les premiers rayons du soleil. C’est également le moment où les Indiens les plus courageux commencent leur journée. En rentrant, on prend le petit-déjeuner et on retourne dans notre lit. On fait la grasse matinée jusqu'à midi. Dans l'après-midi, l'estomac plein, nous partons pour le centre commercial où, lors du voyage précédent, j'étais malade comme un chien et quittais à peine la cuvette des toilettes. Contrairement au voyage précédent, je peux me promener parmi les boutiques et les magnifiques éclairages pour célébrer diwali. Phineas et Falak plongent dans le luna park, et on ne les revoit pas pendant une heure. Pendant ce temps, je rejoins Sunil pour le thé. Nous entamons une conversation constructive sur ma quête. Je suis heureuse car je sens que je peux l'atteindre cette fois-ci. Nous convenons que nous essaierons d'atteindre les médias par l'intermédiaire de ses amis. Ma connaissance brahmane me soutient également et à la fin de la journée, les deux amis me promettent que je pourrai parler à un journaliste le lendemain.

Jour 6 : jeudi 27 octobre 2022

Ce matin, je sors avec Sunil. Les garçons vont au zoo. Je rencontre plusieurs amis de Sunil. Ce sont tous des gens charmants, mais qui doutent de la nécessité de nous aider. Après les 2 visites, nous retournons à notre demeure. Un journaliste passe par là, mais disparaît aussi vite qu'il est apparu. J'ai à peine réussi à lui dire quelque chose. Il va demander à son patron si ma recherche vaut la peine d'être publiée car les festivals attirent toute l’attention. Aujourd'hui est le “jour du stylo”, aucun journaliste ne travaille aujourd'hui parce qu'ils ne sont pas autorisés à tenir un stylo. En d'autres termes, ils ont un jour de congé. Je suis arrivée à cette conclusion après la visite éclaire du journaliste ce matin.

À midi, nous passons dans un service administratif : le SDO, le Subdivisional Officer. Cet homme nous reçoit chaleureusement et il est tout de suite emballé par mon histoire. Il estime que le lien du sang ne doit pas être sous-estimé, et il a raison! Depuis que j'ai posé le pied en Inde, je n'ai pas souffert de jambes lourdes, ni de douleurs dans le bas du dos. Je ne sais pas quel médecin peut donner une explication sérieuse ici. L’administrateur est très clair : il va essayer de vérifier la liste des 5 Anilas, mais ce sera un travail difficile car il n'y a pas d'empreintes digitales disponibles de ces personnes. En outre, il n'était pas d'usage en Inde, dans les années 80, de s'enregistrer. En bref, il s'agira de chercher une aiguille dans une botte de foin. Je ne lâche pas. Je le pousse à partager les flyers qui mènent vers ma vidéo.

Je dis que sans essayer ,il n’y aura pas de résultats. Il nous donne un autre conseil: vérifiez auprès du bureau d'aide sociale et contactez l'unité de protection de l'enfance de la direction adjointe. Les anciennes listes pourraient encore être conservées, même si les chances sont minces. Avec Sunil, je fais mes adieux à cet homme qui a accepté de nous aider. Au bout d’un moment, c’est trop pour moi , mes larmes coulent en quittant le bâtiment. Pourquoi tout cela doit être aussi difficile? Pourquoi l'Inde ne pouvait-elle pas mieux gérer son administration? Pourquoi est-ce que je dois mettre autant d'énergie là-dedans? J'ai l'impression d'avoir à peine progressé. Je me ressaisis et nous filons (à l'indienne) vers la prochaine adresse: le Patna Collectorate. La personne en question est absente. Déterminée, je dis à Sunil que nous y retournerons le jour suivant. Pour terminer la journée, nous rendons visite à un troisième ami. Là, nous essayons de savoir s'il y a une possibilité de passer à la télévision de l’État. Vous voulez en savoir plus? Alors lisez mon prochain blog!

PS: Dans ce blog, les noms sont fictifs

23. Lucky II

Mardi 25 octobre 2022 - quatrième jour

C'était très spécial de pouvoir célébrer Diwali en Inde. Jamais je n'aurais pensé que le lien avec mon pays d'origine pouvait être aussi étroit. Les lampes à huile illuminent les maisons et créent de la chaleur. Nous avons eu la chance de célébrer Diwali avec une famille de brahmanes, qui appartiennent à la caste la plus élevée de la communauté indienne. Je me remémore la puja (rituel) à laquelle j'ai pu assister. Aujourd'hui, Diwali est toujours présent, en arrière-plan les feux d'artifice continuent et continueront à éclater, probablement pendant toute la semaine et surtout le soir. Phineas s'interroge à juste titre sur les règles de sécurité et découvre qu'il n'y en a pas. Nous gardons donc une distance de sécurité avec ceux-ci, mais nous profitons de la vue depuis le balcon. La musique et les chants indiens complètent cette atmosphère particulière.

Ce matin, nous étions censés partir pour la ville de Patna à 8 heures. Notre départ a été retardé comme d'habitude, et ce n'était pas à cause de nous. Heureusement, nous avons tout de même atteint notre destination dans le délai prévu. Nous avons été reçus par la soeur principale, chef de l’orphelinat. Nous avons commencé la tournée ensemble. Les retrouvailles avec Manju, une dame aveugle que j'ai rencontrée ici en 2003, ont été émouvantes. Elle a chanté sa belle chanson de bienvenue, j'ai la chair de poule à chaque fois et cette fois-ci n'est pas différente. Elle est si heureuse de m'entendre et je lui fais un gros câlin. Je lui présente Phineas et, pour lui donner une idée de sa taille, je lui fais toucher l'endroit où s'étend son abondante chevelure. Elle sourit largement, c'est un moment attachant. Kiran, l'amie aveugle de Manju, est tout aussi enthousiaste. Parfois, on n'a pas besoin de mots, les sentiments parlent d'eux-mêmes. Nous saluons toutes les dames du groupe. Chacune d'entre elles a un problème physique ou/et mental. Difficile à voir, mais réconfortant de voir comment ces personnes nous approchent avec une humanité abondante. Pendant ce temps là, la soeur principale disparaît sans que je m'en aperçoive.

Nous nous dirigeons vers l'autre partie du bâtiment, et Phineas rencontre les enfants. Ces enfants handicapés reçoivent les soins nécessaires, comme la physiothérapie, et sont motivés pour maintenir certains mouvements. Une jeune fille hyperkinétique doit rester à côté d'une soeur sous peine de s'enfuir. Nous prenons les escaliers jusqu'au premier étage. Quand j'arrive dans le couloir, j'aperçois Lucky. Elle ne me reconnaît pas au début, mais quand elle s'approche, tout se passe soudainement très vite. Avant que je ne le réalise, nous tombons dans les bras l'une de l'autre en pleurant. Encore une fois, aucun mot n'est nécessaire. Il y a six mois, nous avons partagé les mêmes émotions profondes, et aujourd'hui je ne peux que confirmer que le temps n'adoucit pas les émotions. Ma partie d’enfant en moi se complaît dans cette attention et Lucky aussi apprécie nos retrouvailles. Phineas observe la scène de loin et trouve également que c'est un moment spécial. Dans la salle à manger, nous saluons également toutes les autres femmes adultes, toutes des dames souffrant de problèmes mentaux. Je leur présente Phineas. Je le présente également à Lucky. Elle le prend dans ses bras et il se sent en sécurité. Puis Lucky se blottit contre moi et, les mains entrelacées, nous profitons des chansons et des danses qui nous sont apportées par les amies de Lucky. Je lui demande discrètement si elle se souvient de quelque chose concernant ma mère, mais la réponse est négative. J'essaie de repousser ma tristesse et de me concentrer sur la présence de Lucky, celle qui a pris soin de moi et qui jouait avec moi lorsque j'étais enfant à l'orphelinat. Cela reste un lien que je porterai dans mon cœur pour le reste de ma vie, même si elle ne peut pas remplir cette partie vide de mon cœur.

Pendant le repas du midi, j'aide à servir les patientes et je regarde Lucky s'occuper de ses amies qui ne peuvent pas manger par eux-mêmes. La bienveillance en elle est toujours là. Ce qu'elle a fait pour moi il y a une quarantaine d’année, elle le fait maintenant pour les membres adultes de son groupe. Cette observation me rassure en partie. C’est beau de voir que même si ces femmes ont des problèmes mentaux/physiques, elle se laissent guider par leurs émotions. Je retiens cela et l'associe inconsciemment à ma famille indienne : ma mère ici sera également connectée à moi, que je la trouve ou non.

Après le dîner, nous partons car Harry, mon ami et chauffeur, veut aller au prochain endroit. Nous disons au revoir à la soeur principale qui réapparaît à la dernière minute, je n'ai même pas le temps de poser mes questions. Je suis décidée à la rappeler.

Nous visitons le temple sikh Gurudwara. Sur le chemin du retour, Phineas se rend compte que l'Inde n'est pas tout à fait positive après tout. Dans le débriefing, il m’indique qu'il ne pourrait pas vivre ici. Je dis très franchement que moi, je n'aurais aucun problème pour vivre en Inde, mais bien sûr je ne le ferai pas car ma famille est ma priorité et mon travail et mes amis sont en Belgique. Je le rassure en lui disant que, bien sûr, je comprends aussi ses sentiments, car il n'est pas né ici.

Je passe encore quelques coups de fil pour continuer ma quête. Le rythme est différent de celui du voyage précédent, et ce parce que j'ai aussi envie de donner à mon fils toute l'attention qu'il mérite.

A suivre...

22. Phi-You et Shee-Me

Nous sommes le lundi 24 octobre, l'un des jours les plus importants de l'année pour la communauté hindoue en Inde. Ce jour si important c’est la fête de la lumière, nous sommes plongés dans une atmosphere lumineuse. Et la musique indienne rend la fête encore plus belle. Cette journée promet d'être magique.

Pour raconter les choses un peu dans l'ordre, je vais commencer ici par un récapitulatif de nos premiers jours de voyage.

Premier jour: Samedi 22 octobre 2022
Le premier vol se déroule sans problème. Nous attendons ensuite notre correspondance pour l'Inde à London Heathrow. Contrairement à mon dernier voyage en avril, tout se passe comme prévu et nous arrivons à l'aéroport de New Delhi à l'heure. Dans la capitale, nous sommes obligés de passer la nuit à l'aéroport. Cela ne valait pas la peine de réserver un hôtel juste pour dormir dans un lit douillet pendant quelques heures. Nous constatons que même dans un terminal presque vide, tous les lits sont occupés. Nous passons la nuit à glander sans but sur nos smartphones.

Deuxième jour: Dimanche, le 23 octobre 2022
Après une longue nuit, nous sommes soulagés de nous installer dans l'avion. Nous dormons pendant le voyage. Quand le dîner est servi, l'hôtesse de l'air doit nous réveiller.

Alors que l'avion amorce sa descente, mes larmes coulent automatiquement sur mes joues. La main de Phineas caresse mon bras. Je sens l’enfant qui est resté en moi, les larmes viennent de lui. Il a le droit d'être là, même de la part de mon fils. Un grand soulagement pour moi....

En posant le pied sur le sol indien, je me sens comme chez moi. Mon cœur fait un bond de joie quand je constate avec quelle souplesse mon fils s'adapte ici. Le choc culturel redouté n’est finalement qu’un détail. Il résume son premier contact avec l'Inde comme suit: apaisant et fascinant. Le mot "apaisant" me surprend et il explique que le fait de se sentir chez lui en Inde l'apaise. Il ajoute que la pauvreté l'affecte mais qu'il laisse de côté ses sentiments. Pourquoi fait-il ça? Parce qu'il a compris qu'en tant que personne, il ne peut offrir une solution directe à ce problème. De cette façon, la situation reste supportable pour lui. La cerise sur le gâteau, pour moi en tant que maman, c’est quand il me dit qu'il veut porter une kurta. Nous allons immédiatemment au plus grand centre commercial de la ville, ouvert depuis à peine une semaine. Mon fils choisit deux belles tenues, avec celles-ci, il ressemble à un prince indien. Mon rêve de franchir ces étapes avec lui devient une réalité. Pour moi, il est important qu'il choisisse ce qu'il considère comme important. Les décisions qu'il prend pour s'intégrer montrent une certaine force. Je suis fière d'être la maman de cet adorable garçon.

Le soir, nous parlons de la journée, des impressions, des sentiments. Qu'est-ce qui était amusant? Qu'est-ce qui était difficile? Qu'est-ce qui est fascinant? Des questions qui reviendront à plusieurs reprises pendant ce voyage. Cela nous enrichit tous les deux. Je me demande ce que le reste du séjour va nous apporter.

Troisième jour : Lundi, le 24 octobre 2022
Aujourd'hui, nous prenons notre temps pour célébrer diwali* à la manière indienne. Phi-You et Shee- Me, Phineas et Sheela, fils et maman, you and me. Nos expériences ont déjà un effet unificateur. On se demande ce que le reste de la semaine va nous apporter... On se fait réveiller dès 6h30 par les explosions des pétards et des feux d’artifice. Nous entendons ces explosions toute la journée.

*Diwali : la fête des lumières; une fête hindoue célébrant le retour du Dieu Rama, qui rentre chez lui après 14 ans d'exil dans la forêt. Les maisons sont éclairées par des lampes à huile. L'atmosphère est magique.

Sheela (avec son fils de 16 ans, Phineas)

21. Connectie

Le samedi 22 octobre 2022, je monterai dans un avion avec mon fils. Ensemble, nous voyagerons dans une Inde baignée de soleil.

Un défi, c'est sûr ! Mais nous l'affronterons de tout cœur. Notre voyage sera un mélange d'exploration, de reniflement de la culture et de recherche de ma famille indienne. Ce sera certainement une expérience fascinante!

Ma vidéo sur ma recherche se trouve ici : https://www.youtube.com/watch?v=SnHb6zbrrrY https://www.youtube.com/watch?v=SnHb6zbrrrY

Cette vidéo doit absolument être partagée ! Toutes les routes mènent à Muzaffarpur.

Comment je me sens en ce moment ? Je trouve tout cela passionnant, je suis à la fois heureuse, exaltée et stressée. Je dois encore faire un puzzle pour faire entrer tous les cadeaux dans mes bagages, mes propres vêtements seront réduits au minimum. Je ne sais pas par où commencer. Mais se mettra à sa place. Je serai soulagée lorsque je prendrai l'avion samedi et que je pourrai laisser la Belgique derrière moi pour un moment.

Comment se sent mon fils ? C'est difficile pour moi de le remplacer, même si je pense que le choc culturel sera inévitable. Je serai là en tant que mère, pour m'occuper de lui et le soutenir. Ce voyage va nous rapprocher. Quelque chose dont je rêve depuis des années.

Dream big, never give up! Let’s do this!

I keep you posted!

An Sheela

20. Carpe Diem!

Aujourd'hui, c'était mon anniversaire administratif que je ne souhaite plus fêter, ci-dessous, vous pouvez trouver un poème que j'ai écrit à cette occasion:

Et si ma date de naissance ne correspondait pas à la réalité?

Et si on avait jonglé avec mes données alors que j’étais un bébé?

Et si mon âge ne correspondait pas à la réalité?

Qu'est-ce qui est vrai?

Qu'est-ce qui est faux?

Qu'est-ce qui me semble juste?

Qu'est-ce qui me laisse froid?

Et si je me fixais une nouvelle date?

Une qui célèbre mon existence.

Et si je me choisissais un nouvel âge?

Et un chiffre pour satisfaire mon compteur de satisfaction.

Le 22 août est la date donnée par (l’orphelinat) Sishu Bhavan.

Ce n'est pas une question de bien ou de mal, mais cela fait partie d'un plan plus vaste.

Des détails de mon passé que je veux intégrer dans le présent.

Je peux donc oublier "Charmain".

Et vivre selon ma nouvelle "identité".

Je me sens plus complète, et ma vie laisse enfin place à la qualité.

Mon cœur bat la chamade.

Je célèbre mon existence!

Dès que j'aurai choisi mon nouveau jour d'existence,

Vous serez informés!

Puis je décorerai ma page avec des fleurs aux couleurs vives.

Carpe diem!

19. Turquoise

Me voici à nouveau avec un blog!

Et oui, cette fois, je veux parler de la couleur dans ma vie. Depuis que je suis toute petite, mes yeux se mettent à briller lorsque je vois des couleurs vives. Cela se voit aussi à ma décoration intérieure et à mon style vestimentaire. Les gens me voient venir de loin. On dit parfois que les vêtements font l'homme, mais avec moi, ce sont les couleurs qui me font.

Mes couleurs préférées sont le jaune, le rouge (foncé), l'or et l'orange. J'ai toujours été attirée par la chaleur, et ces couleurs chaudes me donnent du courage pour continuer à avancer, et de l'énergie pour continuer à fonctionner.

Je suis parfois triste devant les intérieurs dépouillés, les rideaux noirs et les pièces où tout est d'un blanc immaculé. Je ne m'y sens pas chez moi. Noirs, blancs, pour moi ils irradient la froideur. Ils me donnent littéralement des frissons.

Cette année, je suis mariée depuis 18 ans, et n'oublions pas la relation entre les chiffres et le turquoise. Il s'agit d'une couleur indienne populaire. Le dieu hindou Krishna est représenté avec cette couleur. La turquoise est un symbole de santé, d'équilibre et de stabilité. Ces trois mots ont été très centraux dans ma vie ces derniers mois: trouver l'équilibre et la stabilité dans mon processus d'adoption et aussi la (non-)santé avec laquelle j'ai lutté pendant la maladie d'Anne-Michèle. Je devais prendre soin de moi pour pouvoir soutenir Anne-Michèle autant que possible.

18 ans de mariage... Cela semble une éternité mais je me souviens du jour de mon mariage comme si c'était hier. J'ai été habillée par une dame indienne, elle m'a aidée à draper mon saree de couleur or, qui a été terminé en bordeaux. Juste avant, j'étais allée chez le coiffeur qui m'avait fait une coupe courte et moderne avec mes fleurs préférées: les célosias. Ces fleurs d'un rouge profond s'accordaient parfaitement avec ma tenue. Mon futur mari attendait nerveusement à la porte du magasin de chaussures de mon père. Ses yeux ont brillé à mon apparition. Il savait que j'allais m’habiller en style Indien, mais il n'avait aucune idée de ce que serait mon choix final. J'ai été soulagée quand il a fait un signe de tête approbateur. Mes genoux se dérobant, j'ai marché avec lui jusqu'à l'église, qui se trouvait à deux pas de la maison de mes parents. Pourquoi est-ce que je tremblait autant? Pourquoi j'avais les mains collantes? J'avais terriblement chaud. Certains nerfs ont dû me jouer des tours, mais maintenant je comprends aussi: se marier en vêtements traditionnels indien n'etait pas si evident. Je me suis alors surpassée, je me suis plongée dans ma culture indienne et sans m'en rendre compte, j'ai déclenché mon subconscient. Finalement, cela ne devait pas être un grand pas, mais plutôt la chose évidente à faire, car du sang indien coule dans mes veines. La cérémonie s'est déroulée sans encombre et mes enfants d'honneur d’origine indien, à qui j'avais également fourni des tenues traditionnelles, se sont comportées de manière exemplaire.

La veille, nous sommes allés à l'hôtel de ville. Il était initialement prévu que tout se déroule sur une seule journée, mais nous avons déplacé le mariage civil pour des raisons administratives.

Aujourd'hui, le lundi 25 juillet, c'est aussi le 41e anniversaire de mon arrivée en Belgique. Chaque année, je me sens mal à l'aise ce jour-là. Cette année, je suis moins affectée et je me sens plus équilibrée. Etienne et Viviane, le couple qui m'a fait venir en Belgique, m'ont rendu visite à la maison la semaine dernière. La rencontre avec mon mari et mes enfants a été très agréable. Quand ils sont partis, les larmes ont coulé. J'ai senti que ces personnes étaient très importantes pour moi. Ils m'ont pris dans leurs bras avant que mes parents ne puissent le faire. Pour moi, ils sont une pièce de puzzle d'une énorme valeur. Ils m'apportent l'équilibre d'une manière ou d'une autre, y compris le jour d’aujourd’hui, ma journée d’arrivée.

En même temps, je ne veux pas fêter mon anniversaire aujourd’hui. Je ne fête plus que ma vie a changé radicalement. Pendant des années, j’ai fêté 2 anniversaires: mon soi-disant vrai anniversaire et mon anniversaire de mon arrivée en Belgique. Normalement, j’ai mon anniversaire administratif au mois d’août, mais je ne fêterai plus ça non plus. Je mets plus d’attention aux dates que j’ai pu choisir: mon mariage, la naissance de mes enfants, … Et je fête ma vie, tous les jours.

Mariage à l'église le 17 juillet 2044
Viviane, moi et Etienne
Célosia, une de mes fleurs indiennes préférées

18. Even helemaal weg…

Après six mois de journées chargées (en émotions), je suis allée en Croatie pendant une semaine avec mon mari.

Juste avant notre départ, nous avons été invité à une garden-party chez des amis. Et y allant je pensais pouvoir m’y déconnecter et y avoir l'esprit libéré du problème de l’adoption. Cela m’est impossible il est réapparu lorsque j'ai rencontré un père adoptif avec sa fille chinoise. Et oui, je suis dans une phase où ce thème récurrent ne me quitte pas; je me lève et je me couche avec.. Une amie l'a formulé ainsi : "An Sheela, tu respires l'adoption."

Les dernières semaines de l'année scolaire ont été intenses. J'ai aussi participé à des réunions au niveau flamand pour arriver à donner une orientation positive à l'adoption en Flandre. Les réunions et les discussions ont été nombreuses et ont nécessité une certaine préparation. Les personnes qui lisent mon blog, et qui veulent donner leur avis pour améliorer les relations entre les parents biologiques, les adoptés et les parents adoptifs peuvent toujours m'envoyer un message.

En outre, je voudrais m'attarder sur le regard que je porte sur mon adoption après 6 mois. Depuis mon dernier voyage en Inde, j'ai souvent senti mon cœur battre la chamade ou ma sueur perler sur mon front, à des moments déclenchés, par exemple, par la vision d'un film indien. Mais la volonté et la force de trouver quelque chose de positif dans un film sur le trafic de prostituées en Inde m'ont fait réaliser que j'avais "franchi" plusieurs étapes dans ma quête de moi-même. Alors qu'auparavant, j'aurais pleuré toutes les larmes de mon corps, sans savoir d'où cela venait, je peux maintenant mettre le doigt sur les raisons profondes de cette réaction physique. Mon lien avec ma patrie est ancré dans mes gènes. Un certain Père Delooz (fondateur de l'agence d'adoption De Vreugdezaaiers) avait l’habitude de dire aux futurs parents adoptés: "Les enfants sont comme ils sont". Je crois que chaque être vivant réagit de manière différente. Les gènes et l'impact environnemental nous influencent. Même si, à mon avis, l'influence des gènes prévaut.

Mon cœur battait plus vite chaque fois que j'entrais dans un restaurant indien avec des amis ou des connaissances. J'abordais chaque nouvelle rencontre avec curiosité. Et ma tristesse a commencé à s'estomper. Je me suis sentie très mal, surtout après le décès de ma meilleure amie Anne-Michèle. Une thérapeute, également adoptée, à qui j’ai pu parler de cette souffrance m’ a beaucoup aidée à retrouver mon équilibre psychologique. Ce n'est qu'avec cette thérapeute que je me suis sentie en sécurité et que j'ai pu m’ouvrir, car je savais qu'elle, plus que quiconque, comprenait ce que signifie être adoptée. Des séances de massage, des promenades m’ont également beaucoup aidée.

En juin, je me suis rendue au Parlement fédéral accompagnée par des adoptés de différents pays où les députés ont reconnu à l’unanimité l’illégalité de certaines adoptions, ce qui m'a touché au plus profond de moi-même. Les heures et même les jours que j'ai consacrés à la préparation de cette importante résolution ont été récompensés en ce grand jour. Le fait qu'Etienne (mon père cigogne) et sa femme Viviane soient aussi présents m'a donné un peu de paix. Mais ma meilleure amie Anne-Michèle m'a énormément manqué. Pourtant, je reste reconnaissante pour ce qu'elle m'a apporté et m'apporte encore, même maintenant si elle est partie. Des larmes ont coulé sur mes joues lorsque les résultats du vote sont apparus sur le tableau.. Un mélange de tristesse, de reconnaissance et de joie m'a envahie. J’ai mis des jours à me remettre de mes émotions. Je n'étais pas seule. Plusieurs personnes se sont occupées de moi.

Dans les semaines qui ont suivi, j'ai terminé mon année scolaire et j'ai attendu avec impatience mes vacances. Je comptais les jours avant mon voyage en Croatie. Pour la première fois en trois ans, je partais en vacances seule avec mon mari. Dans l'avion, j'ai regardé par le hublot et je me suis dit : "Bonjour, Anne-Michèle, maintenant je suis plus près de toi, plus près du ciel” J'ai dû repenser au livre que Saartje m'avait recommandé: « Le conte de la mort »Ce livre m'a apporté la paix quelque part. Parce que la mort n'est pas une fin, c'est le début de quelque chose de nouveau. En ce moment, c'est la seule pensée qui puisse m'apporter un peu de réconfort.

En Croatie, je prends du temps pour mon mari, mais aussi du temps pour découvrir les environs:

La côte est à couper le souffle, avec des baies cachées entre les rochers. C’est idyllique. Nous marchons par 32 degrés C°, une épreuve pour le corps qui n'est pas habitué à fonctionner à ces températures. Porec est magnifique et nous nous détendons sur une terrasse avec vue sur la Mer Adriatique. Qu'est-ce qui me manque? Qu'est-ce qui me remplit de joie? Comment trouver cet équilibre entre les hauts et les bas? Un moment pour moi... Un moment loin de tout...

Nous nous amusons, nous ne sommes pas obligés de faire quoi que ce soit, nous n'avons pas de programme planifié mais nous ne sommes pas non plus le genre de personnes qui passent 5 jours allongés au soleil au bord d'une piscine. Le 7 juillet, cependant, nous avons planifié un voyage vers l'intérieur. Des touristes de différents hôtels y participent. Nous avons parlé français ou anglais et sommes entrés en contact avec des gens sympathiques. Deux dames attirent l'attention. Elles sont originaires du Royaume-Uni et sautent en l'air lorsqu'elles entendent que Boris Johnson vient de démissionner. C'est à ce moment-là que nous avons commencé à parler et il est apparu qu'une des femmes était une mère adoptive. Je suis perplexe. Chaque rencontre a sa raison d'être, et celle-ci, je ne l'ai pas vue venir. Peut-être que je n'étais pas tout à fait partie après tout...

17. Papa’s en vaders

Les papas et les pères

Le papa indien de mes rêves,

Plus,

Mon papa belge, parti depuis 6 ans,

Plus,

Le papa de mon coeur.

Le papa de mes rêves:

Mon père indien, c'est là que tout a commencé.

Et pourtant, j'y ressens beaucoup plus d'amour pour ma mère.

Que s'est-il passé? Pourquoi mon père est moins présent dans mes sentiments?

Mon père belge a repris le relais ici.

Je l'aimais tant quand j'étais enfant,

Il était mon rocher,

Mon grand soutien.

Et il y a bien sûr aussi le père de mes enfants.

Mon mari, l'amour de ma vie.

Il offre le nécessaire à nos enfants,

Ce qui n'a pas toujours été aussi évident avec moi dans le passé.

Récemment, j'ai aussi rencontré mon "père cycogne".

Un homme intègre, avec un regard critique sur le passé de mon histoire d'adoption.

Il était à mes côtés dans le bâtiment du Parlement jeudi dernier,

Et peut-être qu'il se sent responsable,

pour m'avoir fait venir en Belgique.

Maintenant, je ressens surtout une belle compréhension,

Et notre amitié en est une qui évolue doucement.

Ces 4 hommes, ont tous un rôle dans mon histoire.

Et petit à petit, je trouve ma place,

Dans chaque situation et dans chaque langue.

© An Sheela Jacobs, le 12 juin 2022

Avec mon papa en Belgique
Avec mon père cygogne Etienne à Bruxelles
Avec Ivan à Kolkata (photo prise en 2018)

16. Getuigenis

Chers lecteurs, chères lectrices,

Aujourd'hui, j'ai choisi de laisser la parole à mon "père cycogne" Etienne. Il m'a ramené de Kolkata en Belgique en 1981.

Je pense qu'il est intéressant de partager son expérience avec vous aussi. Chacun est libre d'exprimer ses sentiments, et puisqu'il occupe depuis quelque temps une place particulière chez moi, j'aimerais lui donner la possibilité d'envoyer ses mots dans le monde par le biais de mon blog. J'ai rencontré Etienne en janvier de cette année. Aujourd'hui, 5 mois plus tard, je suis heureuse d'avoir osé sonner à sa porte...

Namaste,

Début de l’année

Un jour apparemment comme les autres...

Le téléphone sonne et c’est Viviane qui se précipite sur celui-ci comme d’habitude.

Je n’entends rien mais à voir sa tête, je réalise qu’il se passe quelque chose d’inhabituel.

« C’est quelqu’un qui demande si tu as ramené des enfants de Calcutta en 1981» » et elle me passe le téléphone.

La dame au bout du fil m’explique qu’elle s’appelait Charmain et connaissait les prénoms et noms des quatre autres enfants. Elle ajoute qu’elle est à la recherche de ses parents biologiques et demande si nous n’aurions pas, par hasard, plus de renseignements.

Elle explique ne plus porter le prénom de Charmain et de s’appeler désormais An Sheela, une combinaison du prénom reçu en Belgique et le prénom de la part de sa maman biologique.

Comme cela est un peu compliqué, dans la famille elle deviendra « la copine de Bon-Papa»!

En fait, elle vient non pas de retrouver un accompagnateur mais deux car Viviane était du voyage et elle n’en revient pas.

Même si j’ai gardé le contact avec deux autres adoptés, c’est la première fois que je reçois un tel appel et pourtant, je les avais toujours espérés.

Nous bavardons un petit peu et convenons de la recevoir au plus tôt.

Entretemps, en bon détective, j’apprends qu’elle s’occupe avec héroïsme de son amie Anne Michèle Lahaye qui est atteinte d’une maladie incurable; cela lui vaudra de pouvoir non seulement rencontrer le roi Philippe mais aussi de pouvoir lui expliquer qu’elle s’occupe du problème d’adoptions illégales.

Quelques jours plus tard, elle débarque à la maison et nous faisons connaissance; ce qui frappe dès les premières minutes, c’est son sourire permanent, son dynamisme et sa joie de nous rencontrer.

Viviane expliquera à toute la famille que «la copine» est RADIEUSE!

Quelques jours plus tard, je fais le ménage dans mes photos et retrouve le groupe des cinq.

Je les lui envoie et cela la fait pleurer; ce n’était pas le but.

Je propose d’essayer de rencontrer mon ami Mon qui a également adopté trois enfants indiens et qui a effectué beaucoup plus de voyages que nous pour les Semeurs de Joie; il pourra probablement lui fournir beaucoup plus d’informations que nous.

Nous nous retrouverons très rapidement chez lui mais cette fois ci, nous ferons la connaissance d' Iris, l’amie de An Sheela avec qui elle va bientôt partir en Inde.

Effectivement Mon est une source inépuisable et sait tellement de choses anormales qu’il a décidé de couper les ponts avec les Semeurs de Joie dont il était pourtant l’un des plus actifs. 

Iris m’informe discrètement que Anne-Michèle vit ses derniers jours et que cela affecte fortement An Sheela et et je ne sais pas que faire au risque d’augmenter sa peine.

Toujours désireux de trouver des informations, j’essaie d’organiser une rencontre avec la responsable des Semeurs de Joie avec qui j’avais toujours eu de très bonnes et amicales relations; son refus de toute rencontre ne fait que me conforter dans l’idée que: «Une chose est claire: c’est louche».

Mon, informé de son refus, ne me laissera plus aucun doute à ce sujet.

Tous les jours pendant son voyage en Inde, j’attends avec impatience une publication sur son blog et me rends compte des hauts et des bas d’une telle démarche.

Je suivrai de la même façon les publications de son amie Renate en Corée.

Comme tout cela est difficile pour les deux parties concernées.

Entretemps, je publie de nombreuses photos sur le site “Children of Shishu Bavan” « et commence à publier quelques informations sous le titre : « I also have a dream », le rêve que tous ces adoptés puissent avoir accès à toutes les informations concernant leur origine et là en quelques semaines tout change: entre une religieuse qui ne veut rien lâcher pour protéger les mères biologiques, certains font mention d’un changement d’attitude radical et l’adresse email de la soeur semblerait maintenant connue et disponible sur simple demande.

An Sheela nous informe d’une nouvelle séance à la Chambre des représentants et m’y invite.

J’y suis bien à l’avance et me retrouve seul à la tribune spectateurs pendant de trop longues minutes et puis soudain, c est l’invasion et je ne réalise que très lentement que je suis entouré non seulement d’Indiennes mais aussi de 3 Guatémaltèques, d’une Coréenne et d’un garçon du Sri Lanka!

Au fur et à mesure de la séance, je vois des sourires, des pleurs de joie, des embrassades, des serrements de mains.

Au moment de la prise de parole du sénateur Michel De Maegd, tout le monde se lève pour bien montrer leur détermination au risque de se faire éjecter.

Je suis tellement ému que An Sheela me tapote l’épaule alors que c’est moi qui devrait la féliciter.

Quel personnage hors du commun!

Le projet de loi reconnaissant les adoptions illégales est adopté.

Et l’on me remercie de ma présence alors que c’est moi qui ai reçu un immense cadeau.

Je ne suis pas prêt d’oublier ce jour et votre joie.

Je remercie le ciel de m’avoir fait rencontrer An Sheela et ose espérer que nous pourrons encore faire une longue route ensemble.

Gros bisous,

Etienne

Le 22 mai 2022

Avec Anne-Michèle chez Le Roi Philippe:
elle m'a toujours poussé à faire un pas de plus...

15. En toute floraison

Le 18 mai 2022

Après un mardi spécial, je ressens à nouveau le besoin de mettre sur papier certaines pensées et certains sentiments. Comment je vais pour le moment?

Aujourd'hui, je m'arrête un moment. Juste pour un moment, rien ne doit être fait. Ce matin, je me suis levée avec des larmes aux yeux et un nœud dans l'estomac. J'ai réveillé les enfants et je me suis adressée à eux un par un, émue et reconnaissante. Pourquoi?

Quand je repense à l'année écoulée, je constate qu'elle a été très difficile, avec des émotions parfois vives. Je sentais au fond de moi que quelque chose était brisé, quelque chose que j'ai porté avec moi toute ma vie. En plus de cela, la maladie de mon amie m'a déstabilisée. Mais je me suis battue avec elle comme une lionne pour qu'elle puisse vivre le plus longtemps possible. Nous avons trouvé du réconfort chez l’une l’autre et c'était comme un soulagement de se soutenir et de se renforcer mutuellement, chacune dans sa situation difficile.

Mon adoption, mon désir de retrouver ma famille et surtout retrouver moi-même ont dégénéré en une véritable quête dont j'ai pu vivre la phase 1 en Inde cette année.

Quand je regarde maintenant avec du recul, j'avais besoin de cette période pour compléter certaines parties de mon histoire. La perte d'Anne-Michèle a sérieusement affecté ma confiance en moi, bien que cette confiance ait été au plus bas toute ma vie. Toutes les heures et le temps que j'ai consacrés à mes projets d'adoption et au soutien d'Anne-Michèle ont absorbé beaucoup d'énergie. Et même si je ne le réalisais pas, j'ai continué. Et j'ai continué à créer des attentes démesurées pour ceux qui m'entourent, en quelque sorte: Environnement, adaptez-vous à moi parce que j'en ai marre... J'en ai marre de m'adapter parce que j'ai été un caméléon toute ma vie. J'en ai assez de satisfaire tout le monde.

Mais aujourd'hui, je peux regarder en arrière avec compréhension. J'ai eu une période difficile, mais mon voyage en Inde m'a largement ramené à l'équilibre. Et c'est parce que j'ai pu combiner mon fonctionnement mental avec mes signaux physiques. Ce n'est que l'année dernière que j'ai commencé à comprendre ces signaux physiques. Le moment à la rivière Gandak et la rencontre avec Lucky m’ont apporté beaucoup. J'ai pu intégrer une partie de Muzaffarpur dans ma partie intérieure.. Et à la journée d'aujourd'hui, je peux dire vraiment que ceci est une révélation pour mon identité.

Ce matin, j'ai remercié mes enfants pour leur patience et leur compréhension. Quel effet mes sentiments et mes insécurités ont-ils sur eux? Qu'est-ce que cela doit être pour eux d'être les enfants d'une mère adoptive qui se cherche? Mon état émotionnel de ce matin m'a fait prendre conscience de l'importance de mes enfants pour moi et de mon désir de les protéger de la souffrance que je vis.

Gisteren was ik aanwezig in het Federaal Parlement, in het gezelschap van een aantal adoptiebelangengroepen en mijn ‘ooievader’. Etienne heeft me in 1981 naar België gebracht en ook al is het voor ons beiden moeilijk om te slikken dat ik slachtoffer ben van een adoptie met serieuze hiaten, toch heeft het weerzien ons gisteren dichter bij elkaar gebracht. Daarom, Etienne, een dikke dank je wel voor je steun en luisterend oor. Je hebt me naar België gebracht, in onwetendheid over het feit dat mijn adoptiepapieren niet waarheidsgetrouw zijn, toch stond je er gisteren, even geëmotioneerd als alle aanwezige geadopteerden, om hen en mij te steunen tijdens de stemming van de resolutie tegen illegale adopties. Ook dit moment was er eentje dat ik me nooit hebben durven voorstellen, of voor mogelijk had gehouden.

Etienne (le lendemain de la proposition de résolution contre les adoptions illégales à la Chambre des représentants):

Je ne réalise pas encore l'immense cadeau que j'ai reçu avec l'invitation à être présent à la session de la Chambre des représentants. Je suis extrêmement fier de vous tous.

Cela a fonctionné.

Les effets de cette mesure prendront beaucoup de temps, mais il faut qu'elle commence.

En tant que père d'une fille adoptée en 75, conseiller des Semeurs de joie pendant plusieurs années et traducteur du livre du Père Delooz, je dois admettre que je peux (et dois) vous donner beaucoup d'informations en tant que témoin.

Avec An Sheela, je vais voir comment nous pouvons y parvenir.

Merci beaucoup!

Les mots d'Etienne me touchent profondément. La confiance en l'autre grandit de jour en jour. Aujourd'hui, je le sens pour la première fois de façon vraie: je suis en toute floraison.

Etienne & An Sheela
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